samedi, août 12, 2006

Quand Massimo refait le match

Mardi soir, au Parc des Princes, avait lieu Numéro 10 un spectacle proposé par Massimo Furlan, un italien fou de foot. Seul sur le terrain, il rejoue en temps réel la demi-finale France Allemagne de la coupe du Monde 1982, oui, vous avez bien lu, le fameux match perdu par les Français, avec l'agression du gardien Schumacher sur Battiston, ou la plus grande injustice du football moderne. Et donc, notre ami italien est seul en scène, sans ballon, et refait geste pour geste, tout ce que fait Platini pendant le match; il court, saute, tacle, drible avec un ballon imaginaire, tire les coups francs, parle à ses coéquipiers, invective l'arbitre, lève les bras au ciel (c’est fou ce qu’il peut lever les bras, Platini, tout le temps les bras en l’air !) tout cela pendant plus de 2 heures, vu qu'il y a eu prolongations et tirs au but.

Il a revêtu le maillot bleu de l'époque, un poil ringard d'ailleurs, et il court dans le vide avec des partenaires invisibles. En fait, il n'est pas complètement seul, car Michel Hidalgo (le vrai !) est assis sur le banc de touche, et fait mine d'encourager ses joueurs, et de participer au match (au passage, respect pour lui, car j'imagine que ce match a du être le pire moment de sa carrière). En tout cas, Massimo a parfaitement saisi les mimiques de l'ancien capitaine des bleus : il a la même démarche, la même façon de courir, de secouer la tête, la même attitude quand il accompagne Battiston sur sa civière, ou quand il tire son penalty. Il a bossé la partition, geste pour geste, se positionnant exactement au bon endroit. Par moment, on a droit aux images du vrai match sur l'écran géant (subtile mélange des images du match et des ralentis de Massimo), et bien, c'est assez saisissant de voir l'italien dans la même posture que Platini. Il parait qu’il a bossé le match pendant 3 mois, qu’il l’a appris par cœur, se souvenant de chaque action, chaque geste du capitaine.

Afin de donner un peu de vie au spectacle, on nous a distribué des petites radios avec lesquelles on écoute les commentaires du match, dispensé par Didier Roustan, feu commentateur de foot à la télé qui a fait l'unanimité quant à son impertinence et son humour décalé. Et l'ami Roustan est en super forme ! Accompagné de Basile Boli, il va s'en donner à cœur joie ! Il faut dire que l'occasion est trop belle, que ce soit pour se moquer gentiment de la bedaine de Massimo Platini, de l'immobilité de Michel Hidalgo ou pour nous asséner quelques vannes anachroniques sur l'évolution du foot - argent, dopage, arbitrage, télévision, tout y passe. Le décalage est total, et Roustan s'y engouffre avec délectation pour notre plus grand bonheur.

Le public tente quelques Ola, chante "On est en finale" alors que la France mène 3-1, et on se met à y croire ! On se dit qu'il va bien se passer quelque chose, que la France va se qualifier, qu'il ne peut pas nous faire revivre le même cauchemar ! Didier Roustan fait tout pour que la France se qualifie, encourage tant qu'il peut Michel Platini, pousse Hidalgo à jouer la carte de la prudence, mais non ! Jusqu'au bout, Massimo jouera son rôle avec exactitude. Il marque son pénalty, et n’empêche pas Bossis de rater le sien...

On était bien quelques centaines (1000 ?) à vibrer dans la tribune du parc ouverte pour l'occasion. Et on n’a pas vu le temps passer. Alors, merci à toi, Massimo, pour avoir tenté ce pari insensé, nous avoir remémoré des émotions lointaines, comme seul ce match là nous en avait procuré.

Et qu'est ce que vous croyez que je fais pendant que j'écris ces lignes ? Et bien, je regarde le vrai match France-Allemagne. J'avoue, j'ai craqué, j'ai voulu revoir ce match, avoir mal pour Battiston, crier à nouveau mon désespoir devant tant d'injustice, je dois être un peu maso ! Et pourtant, c'est un vrai spectacle, il n'y a pas un temps mort, et il y a des actions pratiquement toutes les minutes, un vrai régal ! Ca change un peu avec les matchs d'aujourd'hui; à cette époque là, on ne s’embarrassait pas pour faire du cinéma dès que le jeu s’arrêtait, on jouait les coups francs rapidement, on ne mettait pas la balle en touche dès qu'un joueur avait un genou à terre ! et ca n’arrêtait pas d’aller d’un but à l’autre. Je regrette juste de ne pas avoir enregistré les commentaires de Didier Roustan, parce que c’était autrement plus drôle.

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