mardi, juin 20, 2006

Pause musicale

Ce soir, je me fais un petit plan revival, j'écoute un pirate des Stones, justement; j'en avais parlé dans le message précédent, et ça m'a donné l'idée de ré-enquiller cet album. Les Stones, je suis tombé dedans quand j'étais petit, vers 13-14 ans. Et c'est devenu rapidement une folie, une espèce de truc qui vous prend les tripes et qui ne vous lâchent plus.

Une fois qu'on a pénétré dans cet univers, pour peu qu'on aime un peu le blues, comme c'était mon cas, et qu'Hendrix m'avait déjà convaincu quelques années auparavant que c'était dans le rock de vieux que j'allais tomber pendant mon adolescence, je pense qu'on en sort jamais, et que j'écouterais les stones toute ma vie.

Bien sur, on avait tous entendu Satisfaction, Angie, ou Start me up, à la radio ou avec les 45t des grands frères. Mais est ce que je me souviens vraiment quand j'ai écouté un album des Stones en entier la première fois ? Aftermath, Sticky Fingers, Black and Blue ? je ne sais pas, je ne m'en souviens plus exactement; ce que je sais, c'est qu'une fois que j'avais plongé, j'ai du enchainer tous les albums un à un; apprendre l'histoire aussi, les différentes périodes, le rythm and blues des débuts, les premières compositions, la déferlante satisfaction, la période psyché, et puis la révolte, les riffs qui tuent, et ce son indescriptible, cette bouillie de musique, épaisse, grasse, avec un chanteur blanc qui beugle comme un noir, un riffeur faignant qui découvre l'apothéose dans l'open tuning, et un guitariste virtuose, aérien, qui signera avec eux les plus grandes faces de l'histoire du rock, avant de s'en aller bêtement dans l'anonymat.

Pour l'album à emmener sur une ile déserte, j'ai toujours hésité entre Sticky et Get Yer ya ya's out. La perfection de l'album studio, les compositions, le son, Sway, ah Sway, et son solo de guitare décalé, indicible, qui sonne presque faux, et le génie du live, le son gras de la scène, les reprises de Chuck Berry, l'énorme présence de Jagger, et les débuts de l'entente parfaite en Richards et Taylor.

Jusqu'à ce jour de l'été 1990, où en vacances d'été à Montréal, je tombe sur une petite boutique de disque d'occasion (L'Echange, si je me souviens bien); un choix incalculable de disques en tout genre, des bootleg à la pelle, et pas seulement des stones. Un truc de fou pour quelqu'un comme moi, avec malheureusement un budget réduit au minimum; 30$ pour un LP, une fortune pour l'époque. Et puis, je tombe sur un album tout blanc, rien sur la rosace, et juste une photocopie d'une pochette dans l'album, sur un papier jauni à l'intérieur; une pale photo des stones, à peine reconnaissable, une petite référence, griffonnée dans un coin, signée TAKRL 1941, et une liste de morceaux mythiques (Gimme Shelter/Tumbling Dice/Brown Sugar/Heartbreaker/Angie/Honky Tonk Women/Midnight Rambler/All Down The Line/Street Fighting Man). Je ne le sais pas encore, mais je suis tombé sur une perle, un truc rare. Je découvrirais plus tard que cet album est référencé comme étant l'un des tous meilleurs pirates des stones, qu'il mériterait même de sortir officiellement, tellement le son est bon, quasiment meilleur que les lives officiels de l'époque (à la grande déception des fans les plus fervents, aucun live ne sortira, les maisons de disques abandonnant toujours les projets au dernier moment).

Tous les spécialistes vous le diront; c'est l'apogée du groupe (1973), et ce soir là, les stones sont en super forme ! Et particulièrement mon ami Mick Taylor, qui enchaine les bends et les vibrato avec une virtuosité incroyable; ah, le solo de Gimme Shelter, qu'est ce que j'ai pu voyager sur ce truc; je l'ai écouté en boucle pendant des heures, disséqué note à note, essayé de comprendre comment il arrivait à faire un truc pareil, escrimé à le rejouer sur ma gibson à moi. Et puis Midnight Rambler qui dure 13 minutes, avec un passage bluesy d'une violence incroyable; j'avais déjà entendu d'autres versions comparables, mais pas avec autant d'énergie et de précision. Je suis même sorti de mon corps sur ce morceau; bon, d'accord, j'avais fumé (un arrivage direct d'Amsterdam d'un truc tout frais), mais j'ai vécu ce moment là comme un truc unique et incroyable.

Voilà, j'avais trouvé mon graal du Rock'n'Roll, je pouvais ensuite passé à autre chose; c'était le début des années 90, la période d'un renouveau emmené par le grunge, et surtout la fin des années 80, la décennie musicale la plus triste et la plus pauvre que j'ai connu; j'ai toujours vécu comme un drame le fait de ne pas aimer la musique de ma génération quand j'était ado; il y avait bien quelques exceptions (Le premier album de Lenny Kravitz, notamment, est un souvenir marquant de découvrir enfin un truc nouveau bien), mais, globalement, j'écoutais plutôt du rock de vieux, la plupart étant déjà trop vieux, ou mort. Même SRV qui n'en avait pas l'age, a eu le mauvais gout de se planter en hélico.

Aujourd'hui, je me régale, j'écoute de plus en plus de trucs actuels; l'électronique est passée par là, offrant des combinaisons quasi infini dans les sons et les arrangements; certes, c'est moins pur, et il y a moins de bends, mais c'est drôlement bon ! Et à l'heure où les Stones sont devenus une multinationale en voie de liquidation pour cause de retraite (ou de chute de cocotiers !), il y a une création vraiment intéressante et qui fait plaisir à découvrir.

De toute façon, si je pars sur une ile déserte, j'emmène mon disque dur !

++

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